Idrissa Seck, seul contre tous
Incontestablement, l’homme politique Idrissa Seck aura été, sur la scène politique sénégalaise de ces trois dernières années, la donnée déterminante qui, en permanence, a rythmé l’actualité politique du pays. Par sa présence directe sur le terrain ou par ses absences du théâtre politique, de sa liberté un moment confisquée à sa liberté épiée, bousculée, arbitrairement cloisonnée jusqu’à récemment, l’homme a été l’épine dorsale du vaste débat préélectoral qui s’est ouvert très tôt, et qui nous conduit aujourd’hui à la dernière ligne droite, l’élection du président de la République sénégalaise le 25 février 2007.
Il faut dire que l’individu semble condenser en lui tout l’enjeu de l’évolution actuelle de notre pays ; il apparaît comme un symbole des profonds bouleversements qui sont en œuvre dans notre pays, lesquels sous-tendent une mutation historique, lente mais réelle, s’opérant tant dans la société sénégalaise, que dans les partis politiques, dans les discours idéologiques, dans le besoin de renouvellement des hommes politiques, mais aussi dans la presse qui affiche sa diversité, sa pugnacité, sa qualité, mais aussi dans les institutions du pays et les pratiques que l’on peut observer.
Idrissa Seck et son actualité qui dure, peuvent ainsi servir d’éléments de réflexion pour les analystes politiques afin de décrypter notre Sénégal politique tel qu’il se présente aujourd’hui, en cette veille de l'élection présidentielle.
Que dire ainsi du tintamarre de ces dernières semaines, confusément entretenu à volonté, lorsqu’il s’est agi de rencontres entre Idrissa Seck et le président de la République, Me Abdoulaye Wade.
Il est certain qu’en politique, règne du froid calcul d’intérêts propres et exclusifs, le positionnement central politique occupé par Idrissa Seck durant toutes ces dernières années, dérange plus d’un, en apparaissant comme la ruine de certaines ambitions, qui s’essoufflent à éclore, et en risquant d’obérer quelques destins personnels. Aussi au fond, toutes les chapelles politiques semblent avoir un intérêt objectif et commun à l’exclure, à le faire échouer et à bloquer son ascension. Alors va sans retenue, l’opprobre médiatique qui est jetée sur lui, sur ses déclarations déformées, ses dits et ses non-dits interprétés et travestis, la falsification de ses positions politiques.
Parce qu’il a été reçu par le président de la République quatre fois de suite, alors va pour le volet de bois vert sur lui : le menteur !!!, le traître !!!, le voleur !!!, le dealer !!! Mais qui n’a pas été reçu par le président de la République ? N’a-t-on pas dit par ailleurs, que par responsabilité d’Etat, l’on ne doit divulguer et révéler la teneur des entretiens à ce niveau des Institutions ? Pour lui, il lui est exigé de cracher le morceau.
Il est aussi invoqué le droit à l’information du citoyen. Ceci est tout à fait d’actualité, en cette période décisive de campagne électorale pour la présidentielle. Ce droit ne peut être plus total et plus ouvert qu’en ces moments majeurs de notre vie nationale, et Idrissa Seck, candidat, s’y exprimera à loisir, sans intermédiaire avec le peuple, qui fera sa propre lanterne, sans manipulation.
On a dit aussi deal politique ? Que diantre ! qui ne voit que toute la politique moderne est un inévitable deal entre des acteurs de la scène politique, entre des partis concurrents, des hommes politiques adversaires, entre des pays rivaux, hier comme aujourd’hui, ici comme ailleurs. Donnons un seul exemple, qui alors n’avait suscité aucun émoi à sa révélation, lorsque le Premier ministre Habib Thiam, dans son livre témoignage ‘Par devoir et par amitié’, révélait le deal secret entre le président Abdou Diouf et lui, scellé sous le seul témoignage de notre Créateur, s’agissant de la promesse à recourir à lui, comme futur Premier ministre, à ces moments difficiles où ce dernier venait d’être déchu comme président de l’Assemblée nationale. Ce n’est là qu’un exemple, volontairement éventé par le concerné, mais combien d’autres deals dorment dans les tombes de bien des mémoires politiques. Ainsi va la politique, mais aussi pourrait-on dire ainsi va la vie.
La candidature d'Idrissa Seck, à bien des égards, peut être comprise comme le tocsin qui sonne pour pas mal des acteurs politiques actuels. Sa candidature à l’élection présidentielle du 25 février 2007 le positionne redoutablement comme le concurrent fatal pour bien des candidats.
Le candidat sortant, Me Abdoulaye Wade, est emmuré par une garde rapprochée féroce, qui n’a d’œil que sur lui. Les Macky Sall, Ousmane Ngom, Djibo Leyti Kâ et les autres, feront tout pour son échec, car il est directement menaçant pour leur carrière politique. Les profondes blessures portées de part et d’autre et ouvertes durant cette longue période de tentative d’ensevelissement d'Idrissa Seck, marquent des cicatrices indélébiles, et malgré les assurances de ce dernier quant à son pardon, personne d’entre eux n’y croit.
Il est tout aussi clair que le candidat Moustapha Niasse va ferrailler dur contre Idrissa Seck, pour l’enjeu du 1er tour. Si Idrissa Seck est devant lui dès le 1er tour, adieu la présidence de la République et bonjour la retraite politique.
Tanor Dieng et Idrissa Seck vont être au cœur de la compétition du 1er tour ; la bataille sera âpre, et leur défunte alliance ‘Jamm-Ji’ pouvait être comprise en somme comme un compromis circonstanciel intelligent pour différer un affrontement inévitablement inscrit dans leur futur prochain. Bathily, Landing Savané et beaucoup parmi les candidatures indépendantes sont étouffés par la candidature d'Idrissa Seck, laquelle semble mieux traduire plusieurs caractéristiques de leur positionnement dans l’arène des présidentielles : le besoin de renouvellement du personnel politique d’Etat, la modernité du discours, la compétence, le talent, la jeunesse, etc.
Reste le sprint final pour le candidat Idrissa Seck, très impréparé à cause de tous les obstacles dressés contre lui pour cette campagne : la grande bataille pour une bonne communication, afin d’aider à clarifier les choses pour l’opinion, expliquer aux Sénégalais son programme, les priorités pour un redressement national, présenter des équipes nouvelles, préfigurant un Sénégal nouveau, un Sénégal locomotive dans sa sous-région, un Sénégal ouvert et intégré au monde.
Bassirou THIAW Directeur de société
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