quarta-feira, 14 de fevereiro de 2007

Conakry s’embrase

Conakry s’embrase
Guinée . Nombreuses nouvelles victimes dans la répression sanglante de la grève générale relancée hier pour dénoncer les mensonges du président Conté.

Dans une rue de Conakry. Les syndicats guinéens ont relancé lundi une grève générale pour protester contre la nomination par le président Lansana Conté d'un de ses proches au poste de Premier ministre. Photo prise le 26 janvier 2007/REUTERS/Saliou Samb

Au moins onze manifestants tués, des dizaines de blessés : la police guinéenne a eu à nouveau recours à la répression brutale pour tenter de casser la grève générale relancée hier par l’intersyndicale du pays. Des témoignages faisaient également état de tirs près d’un camp militaire proche de l’aéroport, laissant envisager un bilan encore plus lourd ou des tensions au sein de l’armée. Deux semaines après avoir fait mine de céder à la pression populaire, le chef de l’État Lansana Conté a donc choisi de répondre au mécontentement par la force. Les victimes de la grève d’hier s’ajoutent aux 21 personnes tuées ce week-end lors des protestations qui ont suivi la nomination du nouveau premier ministre : le choix d’Eugène Camara, un proche du président, a été interprété comme une trahison par les syndicats qui avaient obtenu, à la fin janvier, la promesse que le chef de gouvernement serait une personnalité indépendante issue de la société civile afin de mettre un terme aux abus et à la corruption généralisée du régime Conté. Depuis les premières manifestations du 10 janvier, le nombre de victimes de la police ou l’armée atteint au moins 91 morts.

Hier, c’est avec des appels à la démission du chef de l’État - une première depuis le début du mouvement en janvier - que la grève générale a été relancée, paralysant tout le pays. Les rues de Conakry étaient désertes dans la matinée, la plupart des commerces étant fermés. Les vols en provenance de France et du Sénégal avaient été annulés, alors que les manifestants, dont beaucoup de jeunes gens, prenaient position sur les barricades érigées au cours des affrontements du week-end. En face, les forces de l’ordre avaient visiblement reçu le feu vert pour tirer sous n’importe quel prétexte : trois des victimes d’hier ont été tuées par la garde présidentielle après avoir lancé sur cette dernière de simples pierres. Deux autres jeunes ont été tués par les forces gouvernementales au moment où, armés de gourdins, ils attaquaient le domicile dcolonel. La dureté de la répression a, semble-t-il, radicalisé certains groupes de manifestants, désormais prêts à en découdre avec la police et l’armée, alors que la grève générale de janvier était restée pacifique.

Au niveau diplomatique, cette brutale aggravation de la situation a suscité un commentaire prudent de la France, ex-puissance coloniale. Le Quai d’Orsay a dit sa « préoccupation » et appelé « les autorités de Guinée et toutes les autres parties à réagir de façon responsable et à éviter tout recours à la violence ». Paris n’a pas voulu condamner explicitement le choix d’Eugène Camara comme premier ministre, relevant juste que les troubles de ce week-end « semblent indiquer » que cette nomination « n’a pas permis de préserver le climat d’apaisement né de l’accord du 27 janvier » par lequel le président Conté semblait accéder aux revendications de l’intersyndicale.
L´ Humanité
Paul Falzon

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