08 Mars 2007
CELEBRATION DE LA JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME :
Addis-Abeba - Ethiopie
lors de la célébration de la Journée internationale de la Femme du 08 mars 2007,
(prononcé par Mme Simone Ouattara
)
DISCOURS DU PROFESSEUR ALPHA OUMAR KONARE,
PRESIDENT DE L’UNION AFRICAINE LORS DE LA CELEBRATION
DE LA JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME – 8 MARS 2007
Il y a trente ans, en décembre 1977, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution proclamant la Journée des Nations Unies pour les droits de la femme et la paix dans le monde. Cette journée devait être célébrée par les Etats membres à un jour quelconque de l’année conformément à leurs réalités historiques et nationales par rapport au statut de la femme.
La Journée internationale de la femme a été proclamée en reconnaissance de la nécessité de l’édification de la paix, du progrès social et de la jouissance des droits de l’homme et des libertés fondamentales. L’égalité entre les femmes et les hommes et la participation active des femmes dans les processus de développement ont été considérés comme étant les conditions préalables à l’édification de la paix et la sécurité dans le monde. Au cours de ces dernières années, la nécessité de reconnaître et de saluer la contribution des femmes au développement, à la paix et à la sécurité a été fortement soulignée dans les discours sur le développement.
Avec le temps, la Journée internationale de la Femme est devenue l’occasion pour nous d’évaluer le progrès réalisé dans le cadre de la concrétisation de l’égalité entre les hommes et les femmes, de l’édification de la paix et du développement en général. Les célébrations offrent aux hommes tout comme aux femmes, l’opportunité de se retrouver, de collaborer en réseaux et s’organiser pour la transformation sociale enracinée dans les valeurs et principes qui garantissent la jouissance des droits de l'homme et les libertés fondamentales pour tous ainsi que l’égalité entre les hommes et les femmes. La commémoration de la Journée de la Femme offre aux nations, l’opportunité de se mobiliser pour renforcer les droits des femmes et leur participation au développement social, économique et politique.
La Journée internationale de la Femme en Afrique
A l’instar des autres continents du monde, l’Afrique accorde une attention soutenue à la célébration, le 8 mars, de la Journée internationale de la Femme. Plusieurs Etats membres de l’Union africaine s’apprêtent à commémorer cette Journée. La situation des femmes sur le continent requiert des efforts concertés afin de les porter au même niveau que les hommes et ce, sur tous les aspects du développement humain, de la sécurité et de la paix.
L’Union africaine a offert un cadre juridique qui encourage l’égalité entre les hommes et les femmes ainsi que l’autonomisation des femmes. L’Acte constitutif de l’Union, la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, le Protocole à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples relatif aux droits de la femme en Afrique et la Déclaration solennelle sur l’égalité entre les hommes et les femmes en Afrique tous encouragent la concrétisation de l’égalité entre les hommes et les femmes ainsi que l’autonomisation des femmes en Afrique. Dès le départ, l’Union africaine a reconnu la primauté de l’égalité entre les hommes et les femmes et l’autonomisation dans le processus de l’édification d’un développement humain et de la sécurité sur le continent.
Toutefois, bien que des progrès aient été réalisés dans certains secteurs en ce qui concerne l’égalité entre les hommes et les femmes et l’autonomisation des femmes, beaucoup reste à faire pour améliorer le statut et les conditions de la Femme. Face à la féminisation de la pauvreté, du VIH et du SIDA et de la violence sexiste, il importe de célébrer la Journée internationale de la Femme comme un volet du processus destiné à déterminer le progrès collectif réalisé par le continent dans le cadre de la résolution de ces questions. C’est fort de cela que le thème de célébration de la Journée internationale de la Femme de cette année qui est « mettre fin à l’impunité pour la violence à l’égard des femmes et des filles » est pertinent.
Mettre fin à l’impunité pour la violence à l’égard des femmes et des filles
La violence à l’égard des femmes et des filles a atteint un record sans précédent de par l’Afrique. Les incidents liés à l’abus sexuel caractérisé par le viol des femmes de tout âge, y compris des bébés de moins d’un an, les mauvais traitements infligés aux femmes entraînent des séquelles physiques et des traumatismes psychologiques, et l’invalidité permanents. Et, pire, dans bon nombre de cas, la mort de la victime. Des pratiques traditionnelles à l’égard des femmes et des filles telles que la mutilation génitale, les tests de virginité, les mariages précoces et forcés et celles qui consistent à hériter d’une veuve continuent d’entraver les efforts consentis sur le plan continental dans le cadre l’émancipation et de l’autonomisation de la Femme. La condition des femmes dans les zones de conflits en Afrique est déplorable. Des cas graves de violation des droits de l’homme sont perpétrés à l’égard de la population civile en général et surtout à l’égard des femmes et des filles en particulier.
Des formes discrètes de violence à l’égard des femmes et des filles continuent. Sous le couvert des lois et pratiques traditionnelles et coutumières, les femmes et les filles sont privées de l’accès aux ressources et aux biens économiques nécessaires à leur émancipation économique, politique et sociale. De ce fait, leurs droits au développement et à l’autodétermination sont bafoués. Le fait de leur accorder un accès limité aux services sociaux tels que la santé et l’éducation accentue les violations et le refus aux femmes de jouir de leurs droits et des libertés fondamentales. Ces violations et refus continuent d’encourager la féminisation de la pauvreté et du VIH et du SIDA en Afrique.
Fort d’un tel constat, l’Union africaine a créé des cadres et mécanismes juridiques pour promouvoir les droits des femmes et des filles par le biais de l’Acte constitutif de l’Union africaine qui préconise le principe d’égalité entre les hommes et les femmes. La Charte africaine sur les droits de l'homme et des peuples interdit la violence à l’égard des femmes et des filles. Le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique qui est entrée en vigueur en novembre 2005 constitue la pierre angulaire en matière de protection des femmes et des filles contre la violence et les violations de leurs droits. Dans la Déclaration solennelle de 2004 sur l’égalité entre les hommes et les femmes en Afrique, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Afrique, ont pris l’engagement d’initier et de lancer dans l’intervalle de deux ans, des campagnes publiques de sensibilisation contre la violence sexiste et de renforcer les mécanismes juridiques susceptibles de protéger les femmes au niveau national et de mettre fin à l’impunité pour des crimes perpétrés contre les femmes.
Certains Etats membres ont, depuis lors, pris des mesures pour lutter contre les violences perpétrées à l’égard des femmes et des filles. Au titre des dispositions prises, il importe de citer : l’application de la loi pour les cas de violence sexiste y compris la poursuite judiciaire en cas d’infection volontaire d’une personne par le virus du SiDA. En ce qui la concerne, la Commission de l’Union africaine, par le biais de son Département Femme, Genre et Développement, continue de plaider et d’exhorter tous les Etats membres à ratifier et intégrer le Protocole relatif aux droits des femmes dans leurs législations nationales. Une telle initiative permettra à bon nombre de femmes et de filles d avoir un accès plus accru et de jouir davantage de leurs droits. Une campagne de sensibilisation continentale sur l’élimination de la vulnérabilité des jeunes filles au VIH/SIDA est également prévu pour cette année.
La Commission de l’Union africaine continue de compter sur le soutien de ses partenaires dans sa quête pour la lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles sur le Continent africain.
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