terça-feira, 10 de abril de 2007

RÉINVENTER LA CROISSANCE : Innovation technologique et renaissance

«Réinventer la croissance : Innovation technologique et renaissance économique en Afrique», tel est le thème de la conférence présentée à la Banque africaine de développement, à Tunis, le 14 avril 2006 par le Pr Calestous Juma (debout) en présence du président Kaberuka.
Le Pr Calestous Juma a fait un brillant exposé sur les problèmes liés au développement de la recherche appliquée et de l’enseignement supérieur en Afrique. Il a invité la BAD et les gouvernements africains à prêter une plus grande attention à ces secteurs vitaux dans la lutte contre la pauvreté. «Les expériences de partenariat entre les centres de recherches et le secteur privé qui ont fait leur preuve en Asie ou en Amérique latine doivent faire l’objet d’expérimentation en Afrique où nous devons créer une synergie entre les centres de recherches/universités avec les entreprises », a indiqué le Pr Calestous Juma.
Le Pr Juma a une maîtrise de science, technologie et industrialisation et un doctorat en études des politiques technologiques et scientifiques de l'université de Sussex au Royaume-Uni. Il est actuellement directeur du Centre du développement international de l'université Harvard, aux Etats-Unis. Le Pr Juma a remporté plusieurs distinctions internationales.
RÉINVENTER LA CROISSANCE: Innovation technologique et renaissance économique en Afrique, présentation à la Banque africaine de développement, à Tunis, par Calestous Juma, professeur en pratique du développement international, Kennedy School of Government, Université de Harvard, 14 avril .

RÉINVENTER LA CROISSANCE

Innovation technologique et renaissance économique en Afrique

Calestous Juma

Professeur en pratique du développement international

Kennedy School of Government

Université de Harvard

Exposé présenté à la Banque Africaine de Développement Tunis

14 avril 2006

Table des matières Introduction

1. Apprendre pour se développer

2. La force du nombre

3. Réinventer la croissance

2.1 Les infrastructures pour servir de fondement technologique

2.2 L’enseignement supérieur technique, aliment de la croissance

2.3 Les entreprises économiques et sociales, lieux de croissance

2.4 Le commerce international pour impulser l’innovation

2.5 Embarquer dans l’économie mondiale de la connaissance

4. Gouverner pour la croissance

4.1 Améliorer les structures de gouvernance

4.2 Identifier les missions stratégiques

5.Conclusion

Introduction

Les pays africains sont aussi divers au plan culturel qu’ils le sont par les legs politiques dont ils ont hérité. Historiquement, l’économie de ces pays est directement liée à leurs ressources naturelles et matières premières, et ces économies ont en majorité stagné ou décliné. Quelques économies africaines ont prospéré mais les enseignements qu’elles ont livrés ne sont pas aisément transposables à d’autres. Il est de plus en plus admis, toutefois, que l’Afrique ne pourra renforcer ses performances économiques qu’en mettant en oeuvre un volume considérable d’investissements et de nouvelles connaissances. C’est sur le rôle de la connaissance en tant que support de la transformation économique que devrait se concentrer une nouvelle vision du développement économique africain—qui s’exprimerait à l’échelon le plus élevé des gouvernements. Privilégier cette approche implique que les politiques publiques porteront l’accent sur les opportunités émergentes telles que le renouvellement des infrastructures, l’accroissement des capacités techniques, le développement de l’entreprise et une présence croissante dans l’économie mondiale. Ces domaines devraient normalement constituer une fondation solide sur laquelle bâtir les investissements pour le développement et les partenariats internationaux.

1. APPRENDRE POUR SE DÉVELOPPER

L’histoire contemporaine nous dit que le succès des pays industrialisés a pour principale explication leur aptitude à apprendre par quels moyens améliorer leurs performances dans une variété de domaines—entre autres le développement institutionnel, les adaptations technologiques, le commerce, l’organisation et l’utilisation des ressources naturelles. En d’autres termes, la clef de leur succès est la grande importance qu’ils ont attachée à l’apprentissage en privilégiant l’amélioration de leurs savoir-faire comme moyen de résolution des problèmes.

L’un des aspects les plus capitaux de la stratégie d’un apprenant est le fait que chaque génération reçoit en héritage de ses prédécesseurs un stock de connaissances qu’elle peut faire travailler à son profit. Chaque génération fusionne l’ancien et le nouveau, traçant ainsi son propre chemin de développement, et rendant caducs les conflits potentiels entre la novation et la tradition.

Trois facteurs au moins ont été d’un apport essentiel dans la rapide transformation des économies émergentes. Il y eut en premier lieu les gros investissements que ces pays ont consacrés aux infrastructures de base, notamment les routes, les écoles, l’eau, l’assainissement, l’irrigation, les centres de santé, les télécommunications et l’énergie. Ces investissements posèrent les fondements de l’acquisition de connaissances technologiques. En deuxième lieu, ces pays entourèrent de soins le développement de leurs petites et moyennes entreprises. La croissance de ces entreprises exige le développement d’expertises opérationnelles, en réparation et en maintenance ainsi qu’un pool de techniciens locaux. Troisièmement, les gouvernements appuyèrent, financèrent et aidèrent à consolider les établissements d’enseignement supérieur ainsi que les établissements intermédiaires d’ingénierie et des sciences technologiques, les associations professionnelles d’ingénieurs et regroupements technologiques, les associations industrielles et commerciales.

La mise en relief de la connaissance doit s’inscrire dans une vision des transformations économiques comme processus d’amélioration continue des activités productives portées par les entreprises. En d’autres termes, la politique publique doit privilégier des améliorations continues visant la performance, en commençant par des domaines d’importance critique tels que l’agriculture pour la consommation domestique et en allant jusqu’au commerce international.

Ce renforcement de la qualité signale la capacité sociale à s’adapter au changement en apprenant.

C’est en s’améliorant continuellement que les nations transforment leurs économies et atteignent des niveaux de performance plus élevés. En travaillant dans ce cadre, avec un État qui se comporte en facilitateur de l’apprentissage social, les entreprises deviendront le lieu géométrique de l’acquisition des connaissances, et celles-ci seront la monnaie d’échange du changement. La plupart des pays africains disposent déjà des principaux composants institutionnels qu’il faut pour faire la transition et devenir des acteurs dans l’économie de la connaissance. Il faudrait donc porter l’accent sur le réalignement des structures existantes et la création de nouvelles structures là où elles n’existent pas. Le défi est de construire les partenariats internationaux nécessaires pour pouvoir ajuster les politiques publiques aux besoins technologiques à long terme de l’Afrique.

Cependant, la promotion des sciences et de la technologie comme moyens de répondre aux besoins de bien-être humain doit prendre en compte la nécessité additionnelle de protéger l’environnement africain pour les générations d’aujourd’hui et de demain. Le concept de « développement durable » a été avancé précisément pour garantir l’intégration des facteurs sociaux, économiques et environnementaux dans les stratégies de développement et les systèmes de cognition qui lui sont associés. Il faudra donc entreprendre d’établir les options stratégiques pour la renaissance économique de l’Afrique en les inscrivant dans le contexte de stratégies de développement et de plans d’action durables.

2. LA FORCE DU NOMBRE

De plus en plus, la facilitation de la coopération régionale apparaît porteuse de diversification des activités économiques en général et de mobilisation des partenariats internationaux en particulier. Beaucoup d’États africains pris individuellement ont cessé d’être viables en tant qu’entités économiques ; leur avenir est dans la création de partenariats commerciaux avec les pays voisins. Les pays africains ont d’ailleurs commencé à prendre l’intégration économique au sérieux. Par exemple, la reconstitution de la Communauté de l’Afrique orientale (qui comprend le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie et plus tard le Rwanda et le Burundi) ne sert pas seulement de mécanisme d’élargissement des marchés, mais promeut également la paix dans la sous-région. Si l’asymétrie économique entre les pays apparaît souvent comme une source de conflit, cette diversité intrinsèque est aussi une incitation à la coopération.

Le malaise actuel qui affecte le monde du développement traditionnel perd de sa pertinence avec les nouvelles alliances d’intérêt technologique réunissant les plus développés des pays en développement. Par exemple, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud ont constitué une alliance technologique qui se consacrera à trouver des solutions aux défis posés dans les secteurs agricole, sanitaire et environnemental. En plus, on constate qu’un plus grand nombre de pays en développement concluent des partenariats bilatéraux pour développer de nouvelles technologies. L’Inde et la Chine ont par exemple créé une commission mixte d’orientation chargée de promouvoir la coordination de leurs actions respectives de développement technologique. Ce sont de tels exemples qui pourraient être imités dans les nouveaux partenariats technologiques et commerciaux associant l’Afrique à ses alliés dans les pays industrialisés.

Des accords similaires promouvant l’emploi des capacités technologiques régionales dans les échanges internationaux sont une nécessité pour l’Afrique. La signature d’accords de paix est une étape importante pour mettre fin aux guerres et promouvoir la stabilité, mais le défi véritable est de savoir comment procéder pour que la coopération commerciale et technologique internationale, instruments d’une importance capitale, servent au renforcement de la stabilité régionale. Les avancées des pratiques démocratiques, de la croissance économique et de l’innovation accompagnent souvent la capacité accrue d’une nation à participer aux régimes d’échange internationaux. À mesure que ces liens s’établissent, les pays qui commercent sont obligés de s’entendre sur une large gamme de pratiques, en harmonisant normes, règlements et tarifs. Les relations commerciales entre pays exercent d’habitude une influence positive sur leurs relations politiques. Il est en effet moins probable que des pays démocratiques, interdépendants dans leurs échanges, s’affrontent directement dans une guerre.

Les pays africains ont adopté de nombreux dispositifs de coopération et d’intégration régionales, dont beaucoup sont purement décoratifs. Il existe ainsi sur le continent plus d’une vingtaine d’accords régionaux destinés à promouvoir la coopération et l’intégration économique aux niveaux régional et continental. Ces accords vont de la coopération limitée entre pays voisins dans des domaines politiques et économiques restreints à l’ambitieuse création d’un marché commun africain. Ils visent particulièrement à améliorer l’efficacité, développer le marché régional, et soutenir l’intégration du continent dans l’économie mondiale. Nombre de ces accords ont été motivés par des facteurs tels que la faible dimension de l’économie nationale, l’enclavement des pays et l’insuffisance des infrastructures.

Parmi les gains que les pays africains espèrent tirer de l’intégration économique, on peut citer les effets stimulants de marchés élargis sur l’innovation technologique, les économies d’échelle résultant des investissements dans les infrastructures, et la diffusion des savoir-faire techniques au sein de cette économie élargie. En fait, les sciences et l’innovation sont bien au centre du projet d’intégration, et il faudrait les faire ressortir explicitement.

2. RÉINVENTER LA CROISSANCE

2.1 Les infrastructures pour servir de fondement technologique

Par infrastructures, on entend, au sens large, les implantations physiques, les structures et les équipements et services rattachés qui permettent le flux de biens et de services entre les individus, les entreprises et les États. Les « infrastructures » au sens conventionnel comprennent : les services d’utilité publique assurant notamment l’alimentation énergétique, les télécommunications, l’adduction d’eau, les systèmes d’assainissement et d’évacuation des vidanges, et l’enlèvement des ordures et déchets ; dans la catégorie des travaux publics, elles comprennent les systèmes d’irrigation, les écoles, le logement et les hôpitaux ; dans le secteur du transport, ce sont les routes, les liaisons ferroviaires, les ports, les voies navigables et les aéroports ; les infrastructures, ce sont aussi les établissements de recherche tels les laboratoires et leurs équipements.

Les services infrastructurels comprennent la fourniture, l’exploitation et la maintenance des installations physiques de l’infrastructure. En Afrique, la pauvreté des infrastructures (en nombre et en qualité) est un obstacle majeur qui s’oppose à l’accélération de sa croissance et à l’amélioration du bien-être. Par exemple, en Ouganda, les coûts du secteur du transport grèvent les exportations de vêtements de charges équivalant à une taxe de 80 %. Les infrastructures sont aussi un élément essentiel du climat des investissements, car elles réduisent les charges de l’activité économique et permettent l’accès de tous aux marchés.

Les infrastructures promeuvent les échanges agricoles et leur intégration dans les marchés mondiaux ; elles sont fondamentales pour le développement humain, notamment pour assurer les services éducatifs et de santé. Les investissements en infrastructures représentent un énorme potentiel inexploité pour la création d’emplois productifs en Afrique. Sans infrastructures adéquates, il n’est pas possible de mettre la technologie au service du développement. Par exemple, l’énergie électrique, les réseaux de transport et les infrastructures de communication sous-tendent toutes les actions visant à améliorer les capacités scientifiques et technologiques fondamentales en Afrique.

Les avancées des technologies de l’information et leur rapide diffusion ces dernières années n’auraient pu se produire sans l’existence d’infrastructures de base en télécommunications, tels que les réseaux téléphoniques, le câble et les satellites. En outre, les systèmes d’information électronique, qui dépendent des infrastructures de télécommunications, sont à l’origine d’une proportion substantielle des activités de production et de distribution dans les secteurs secondaire et tertiaire de l’économie.

Parce qu’il joue un rôle fondamental, le processus d’apprentissage au cours du développement des infrastructures est un élément capital du processus global de l’acquisition de connaissances technologiques dans un pays. La bibliographie relative au développement économique et aux infrastructures dédaigne souvent la nature dynamique des infrastructures. Or, chaque étape d’un projet d’infrastructure, de la planification et des études techniques à la construction et à l’exploitation, met en oeuvre un large éventail de technologies et de dispositifs institutionnels et gestionnaires qui leur sont rattachés.

Parce que les implantations et les services d’infrastructures constituent des systèmes physiques, organisationnels et institutionnels complexes, ils exigent d’être compris en profondeur, ils exigent que les ingénieurs, les gestionnaires, les agents publics et les autres personnels intervenants aient des capacités adéquates. Les pays africains devraient donc structurer les études techniques et la construction des chemins de fer, aéroports, routes, réseaux de télécommunications, systèmes d’adduction d’eau et d’assainissement, et centres de recherche de façon à promouvoir l’acquisition de connaissances techniques, organisationnelles et institutionnelles.

Les priorités en matière de développement des infrastructures révèlent la nécessité d’avoir les capacités à long terme pour assurer la maintenance et le développement technologique. Ce type de projet devrait donc inspirer des idées pour l’élaboration de programmes d’étude dans les universités et centres de recherche. Une telle convergence d’intérêts est réalisable par une interaction et une coopération continues entre les gouvernements, l’industrie, l’enseignement supérieur et la société civile.

L’adaptation des activités de recherche et de formation au développement des infrastructures est capitale pour faire progresser les capacités technologiques d’un pays, et elle devrait donc constituer un élément essentiel de l’étude technique d’un projet. Là où les institutions de recherche n’existent pas, les projets d’infrastructures devraient explicitement proposer leur création.

2.2 L’enseignement supérieur technique, aliment de la croissance

Le rôle capital de l’enseignement supérieur technique dans le processus de développement est de plus en plus reconnu, d’autant plus que l’accompagne une prise de conscience croissante de l’apport des sciences, de la technologique et de l’innovation à la relance économique. Pendant des décennies, ce sont l’enseignement primaire et l’enseignement secondaire qui ont surtout retenu l’attention des donateurs, alors que l’enseignement supérieur et la recherche ne sont considérés comme essentiels pour le développement que depuis quelques années.

L’urgence d’investir dans l’enseignement supérieur technique est d’autant plus grande du fait de l’impact du VIH/Sida et des autres maladies infectieuses sur la population active africaine. L’Afrique doit répondre à ce défi en augmentant les capacités humaines et en assurant la transmission des savoir-faire techniques aux générations futures, ce qui souligne l’urgente nécessité d’élargir l’accès des femmes à l’enseignement technique supérieur.

Une nouvelle vision des universités et des centres de recherche se dessine de nos jours, parallèlement à leur fonction traditionnelle. Elle les place au centre du processus de développement. La mise en oeuvre de ce concept s’étend également à d’autres vecteurs de l’acquisition de connaissances, comme les facultés et les écoles professionnelles supérieures et techniques, les centres de recherche et les instituts universitaires de technologie. Les institutions d’enseignement supérieur et de recherche sont donc devenues des ressources précieuses pour le monde de l’entreprise, l’industrie et la société en général. En favorisant le développement des entreprises commerciales et industrielles, les universités peuvent contribuer à la renaissance économique et au développement de techniques de pointe dans leurs zones.

Les établissements d’enseignement supérieur et de recherche s’intègrent au secteur productif et à la société de nombreuses façons. Ils font de la R & D pour l’industrie, créent leurs propres entreprises dérivées de leurs activités, interviennent dans des projets de formation de capital fixe comme les parcs technologiques et les dispositifs d’incubation de nouvelles entreprises, se lancent dans la formation entrepreneuriale, et encouragent leurs étudiants à passer de la recherche à la création d’entreprises. Cette approche se fonde sur une forte interconnexion entre le monde de l’enseignement, l’industrie, l’administration et la société civile.

Aujourd’hui, la réforme des institutions existantes en Afrique est l’objet d’efforts considérables. Il existe encore d’autres possibilités de réforme, au niveau de nouvelles institutions d’enseignement supérieur à concevoir différemment. Premièrement, beaucoup de ces établissements sont axés sur la formation technique, qui est au cœur de leur programme d’études, et cette formation technique pourrait être définie de manière à répondre à des besoins spécifiques.

Deuxièmement, les nouveaux types d’institutions d’enseignement supérieur mettent un accent particulier sur la constitution d’un savoir-faire entrepreneurial chez les étudiants. Cette orientation supplémentaire garantit que les étudiants acquerront la capacité à transformer des idées en propositions d’activités privées et en produits et services réels destinés aux marchés local et international. Les étudiants de ces institutions auront à développer des savoir-faire pratiques en matière de création d’entreprise pour obtenir leurs diplômes. Cette approche exige d’opérer une réorientation des institutions bancaires et financières locales, comprenant le développement de nouveaux instruments tels que le capital-risque.

Troisièmement, la plupart des universités qui existent aujourd’hui en Afrique ont été à l’origine conçues dans l’optique d’appuyer la construction de la nation globale. Aujourd’hui, le défi à relever est celui du développement de ses composantes communautaires. Il s’ensuit que les nouveaux types d’université doivent intégrer les collectivités dans lesquelles elles se trouvent et s’efforcer spécifiquement de promouvoir les transformations économiques dans leurs espaces géographiques. Il s’agira non seulement d’adapter leurs programmes aux besoins locaux, mais aussi de faire en sorte que les étudiants consacrent une partie de leur temps à travailler avec les communautés locales.

L’un des meilleurs exemples pionniers en matière de réforme de programmes d’étude est celui de l’université de la Terre au Costa Rica, dont les programmes sont confectionnés autour des réalités de l’agro-industrie. Cette université se consacre à produire une nouvelle génération de jeunes formés spécifiquement à centrer leur action sur le changement des conditions de vie au moyen d’activités d’entrepreneuriat. La formation de ces étudiants tend à en faire des agents de changement social qui cherchent à améliorer le bien-être humain en créant et en gérant de nouvelles entreprises. Un exemple africain qui s’en rapproche est celui de l’université des Études en Développement (UDS) dans le nord de (nom du pays), qui est à l’avant-garde de cette nouvelle approche privilégiant l’acquisition des connaissances par l’expérience et la participation directe des étudiants au développement de la collectivité.

En Afrique du Sud, l’université Stellenbosch a été la première institution d’enseignement dans le monde à concevoir et à lancer un satellite. L’université centrait son projet sur l’élaboration d’un programme d’études destinées à aider à la résolution de problèmes précis comme le développement de nouveaux produits ou l’amélioration de l’environnement, et non pas sur la formation simplement de diplômés. Cette approche a illustré l’importance de corréler les programmes avec les besoins locaux. Une telle réorientation des activités de l’enseignement supérieur pourrait être étendue à des domaines tels que la médecine, la santé publique et la gestion de l’environnement. Il est encore plus essentiel, vu les pressions en ce sens, de réunir recherche et formation médicales au sein d’une nouvelle génération de centres hospitaliers universitaires et centres de santé sur l’ensemble du continent. En Ouganda, l’université Makerere a défini une nouvelle approche de l’enseignement qui rend les étudiants capables de prendre une part significative à la solution des problèmes de santé publique dans leurs communautés. Plusieurs autres universités africaines mènent un type similaire d’actions sociales formatrices de proximité.

Les défis de la reconstruction en Afrique rendent indispensable la création des compétences techniques nécessaires pour l’étude technique et la gestion des projets d’infrastructure. L’institut des Sciences, de la Technologie et de la Gestion (KIST) au Rwanda illustre comment les établissements d’enseignement supérieur peuvent aider à la transformation des communautés où ils se trouvent. Le KIST est installé dans ce qui était auparavant des baraquements militaires avant le génocide. Le fait est en soi une grande leçon qui montre le potentiel de mise au service du développement des infrastructures institutionnelles actuelles. L’université nationale de la Namibie est située symboliquement dans les locaux de ce qui fut une base militaire avant l’indépendance. L’Afrique dispose de nombreuses bases militaires qui attendent d’être converties en institutions d’enseignement supérieur, et aussi d’ingénieurs de génie militaire prêts à contribuer à la construction et à la maintenance des infrastructures de sécurité humaine.

L’université de Zambie offre un autre exemple pionnier de l’activité de gestation d’entreprise. Ses efforts ont accouché de Zamnet, le plus grand fournisseur d’accès du pays. L’expérience zambienne témoigne des grandes potentialités des universités en termes de créativité et d’innovation, même dans les conditions financières les plus difficiles. Nombre d’universités brésiliennes, guidées par le travail pionnier réalisé par le Centre Genesis de l’université catholique pontificale de Rio de Janeiro, appliquent des modèles similaires qui tendent à devenir des caractéristiques permanentes des activités universitaires.

Les universités et les autres institutions d’enseignement supérieur pourraient aussi contribuer au développement communautaire en recourant à des techniques comme la radio communautaire, ce que l’université des Sciences de l’Éducation à Winneba, au Ghana, fait actuellement. La radio Windy Bay diffuse des cours et conférences et sert de lien communicationnel entre les divers espaces résidentiels de ses campus. La radio sert aussi de moyen de diffusion des manifestations universitaires et de la publicité. Grâce à cette technologie, les étudiants peuvent écouter les cours dans leurs chambres, dans la salle commune des premières années ou dans tout autre lieu approprié et échanger par téléphone avec les conférenciers.

Les stations de radio de ce genre se focalisent sur le développement socio-économique et appliquent les principes d’équité et de respect relativement aux divers points de vue et intérêts catégoriels. Généralement très ouvertes, participatives et soucieuses de leur responsabilité vis-à-vis de la collectivité qu’elles servent, elles sont appréciées pour leur valeur informative et éducative. Elles développent le sens de la responsabilité civique qui porte à exiger la bonne gouvernance et permet un retour d’information vers les décideurs concernant les réactions du terrain aux politiques publiques et aux services offerts. Les initiatives visant à soutenir leur développement, en particulier par le truchement de la formation en matière d’élaboration, de programmation et de gestion des contenus de programme, ainsi que par l’extension des réseaux d’auto-assistance, pourraient donc contribuer à un meilleur développement humain.

Ce nouveau type d’université privilégiera la production de diplômés qui auront reçu une formation leur permettant de créer des entreprises et, par voie de conséquence, des emplois tout en ajoutant à la croissance de l’économie. Ce mode d’opération se différencierait du système actuellement en vigueur, qui s’occupe surtout de donner des savoir-faire techniques à des étudiants qui, à partir de là, n’iront pas créer des emplois.

Il serait nécessaire que les universités, en plus de leur rôle de formation, fonctionnent comme des espaces de gestation pour les entreprises économiques et sociales. Cette fonction viendrait s’ajouter aux modalités traditionnelles de mise en liaison des entreprises et organisations de la société civile avec les universités. Les établissements d’enseignement aideraient à soutenir les premiers pas des jeunes entreprises en leur offrant des services indispensables à leurs débuts.

Il faudrait établir un solide fondement technique sous forme d’instituts universitaires de technologie (IUT) qui peuvent être transformés en écoles professionnelles techniques supérieures desservant les populations locales. Cela exigerait de la part des régulateurs de l’enseignement supérieur qu’ils s’efforcent, en étant proactifs et flexibles, de relier l’élaboration des programmes d’étude aux besoins des localités, en promouvant l’apprentissage expérientiel, en consolidant la gestion universitaire et en élargissant les opportunités pour les jeunes filles.

Le financement de l’enseignement supérieur est probablement l’un des plus grands sujets de dispute de l’histoire de l’enseignement supérieur. La perception que les coûts opérationnels des établissements d’enseignement supérieur sont très élevés a contribué à faire mettre l’accent sur l’enseignement primaire dans les pays africains. Mais cette politique a fait obstacle à l’exploration par les dirigeants de voies qui permettraient d’appuyer l’enseignement technique supérieur. À cet égard, des pays comme l’Ouganda et le Nigeria expérimentent des mesures telles que des bourses d’État ciblées et l’abaissement des frais de scolarité pour ceux qui choisissent les filières scientifiques. Parmi les autres mesures de long terme figurent des incitations fiscales pour les personnes et les entreprises qui créent et gèrent des instituts techniques sur des bases conformes à la politique gouvernementale. L’Afrique vient à peine de commencer à expérimenter cette méthode d’extension de l’enseignement supérieur technique à un secteur social plus large.

Les sociétés minières, par exemple, pourraient financer les formations en géosciences. De la même manière, les entreprises agricoles pourraient aider à créer des capacités dans le milieu des affaires. Les institutions créées par des entreprises privées peuvent également tirer parti des expertises disponibles sur place. Il sera nécessaire que les gouvernements, de leur côté, définissent des politiques permettant aux personnels du secteur privé d’enseigner dans ces établissements. Les programmes de cette nature offriraient également aux étudiants la possibilité d’échanger avec des praticiens. Une grande partie des investissements socialement responsables effectués par les entreprises privées en Afrique pourraient être mieux employée pour renforcer les bases du continent en capacités techniques. D’autres sources d’appui pourraient provenir, par exemple, de la transformation des départements philanthropiques de diverses entreprises privées en établissements supérieurs techniques implantés en Afrique.

Les appuis des États et d’autres sources seront nécessaires pour la réhabilitation et le développement des infrastructures universitaires, en particulier au niveau de l’information et des communications, pour permettre aux établissements de rejoindre la communauté mondiale de la connaissance et de travailler en réseau avec d’autres dans le monde. Ces liens les aideront également à puiser dans le vivier de leurs experts de la diaspora.

La recherche, l’enseignement et le contact de terrain avec les communautés locales doivent fusionner dans de nouveaux schémas institutionnels. Les écoles de médecine, par exemple, doivent être mieux intégrées aux hôpitaux, tout comme les stations de recherche agricole doivent avoir un grand rôle d’enseignement. De même, il faut forger des connexions fortes entre les universités et le monde de l’entreprise. Ce processus peut impliquer la réforme ou la modernisation des universités existantes ainsi que la création de nouvelles institutions. Toutes les institutions de recherche et de formation en Afrique de l’Est doivent être examinées, celles en particulier qui ne font pas partie de la classe traditionnelle des « universités ». Tous les ministères d’un État interviennent d’une façon ou d’une autre dans la recherche et la formation, et par là, ils détiennent de quoi ensemencer l’espace économique avec de nouvelles espèces d’établissements d’enseignement supérieur adaptés à des besoins précis.

Il sera indispensable d’engager des efforts collectifs pour réformer les programmes d’études en remplaçant ce qui est obsolète par de nouvelles approches qui encouragent la créativité, l’esprit d’investigation et l’entrepreneuriat. Ces réformes doivent établir d’étroites relations de coopération avec le secteur privé et les collectivités où les universités sont implantées. Il est recommandé que, de leur côté, les organes de gouvernement à tous les niveaux (administrations centrale, municipale, régionale) soient des chefs de file de la création des espaces et des opportunités pour que les universités contribuent au développement.

Mais la réforme des programmes d’étude, à moins d’être assortie d’ajustements pédagogiques qui valorisent l’apprentissage par l’expérience, ne suffira pas. Il est capital que les étudiants accèdent à l’expérience pratique et puissent apprendre en s’engageant directement, particulièrement lorsqu’il s’agit de domaines techniques en rapide mutation. L’apprentissage par l’expérience peut être adoptée plus aisément dans les universités ayant des liens directs avec les secteurs de production. Les interactions avec l’environnement social en deviennent donc encore plus importantes pour le fonctionnement efficace des universités.

Il est souhaitable que les universités bénéficient d’une plus grande autonomie de gestion afin qu’elles puissent s’adapter en temps utile à un monde qui change rapidement. Mais leur autonomie doit être encadrée par la nécessité de produire du développement au niveau de la collectivité et ne doit pas être vue simplement sous l’angle de la bonne gouvernance. Si les universités africaines n’effectuent pas ces changements et ne parviennent pas à donner des réponses pertinentes aux besoins de leur environnement local, elles seront de plus en plus marginalisées et leur statut social se dégradera. Les États, quant à eux, ne s’en sortiront pas mieux s’ils n’agissent pas pour faire de la connaissance la force motrice du progrès.

2.3 Les entreprises économiques et sociales, lieux de croissance

Le changement économique est en grande partie un processus de transformation de la connaissance en biens et services par le canal des entreprises économiques. A cet égard, la création de corrélations entre la production de connaissances et le développement des activités économiques représente le plus important défi auquel l’Afrique est confrontée. Pour que l’Afrique puisse promouvoir le développement local de technologies, il lui faut réexaminer les schémas incitatifs déjà en place. Il existe un éventail de mécanismes adaptés à la création et à la pérennisation des entreprises, depuis les régimes fiscaux et les instruments de marché jusqu’aux politiques de consommation et à la modification des systèmes nationaux régissant l’innovation.

Les petites et moyennes entreprises (PME) devraient pouvoir jouer un rôle de premier plan en favorisant l’apparition de nouvelles opportunités et l’emploi des technologies. Il est nécessaire que les décideurs développent, appliquent et mettent en relief le rôle important que jouent l’ingénierie, la technologie et le développement des PME dans la réduction de la pauvreté et le développement socio-économique durable. Il leur faut soutenir les incubateurs d’entreprises et de technologies, les zones franches industrielles et les réseaux de production et affiner les savoir-faire correspondants par la formation à la gestion.

Le rôle que les banques et les institutions financières ont à jouer pour promouvoir l’innovation technologique est également essentiel. Mais leurs antécédents dans ce domaine en Afrique ne sont pas brillants. Effectuer la réforme de quelques banques et institutions financières leur permettrait de contribuer à promouvoir les innovations technologiques.

Dans les pays développés, les marchés de capitaux ont joué un rôle capital dans la création de PME. Les apporteurs de capital-risque ne font pas que mettre de l’argent sur la table, ils aident à tirer les jeunes petites et moyennes entreprises vers la dimension de multinationales. L’apport de capital-risque à la société civile a été important en contribuant à promouvoir une large gamme d’activités de développement sur le continent. Les organisations de la société civile, par leur diversité et leur créativité, sont même des sources clé de l’innovation sociale. Dans le domaine politique par exemple, les organisations de la société civile ont joué un rôle fondamental dans la promotion du changement démocratique. De même, leur présence a été vitale dans d’autres domaines, comme la préservation de l’environnement où elles ont fait des apports variés, allant de la sensibilisation aux actions concrètes de terrain.

Les organisations de la société civile sont souvent bien adaptées aux besoins locaux, et leurs actions encadrées par des mandats spécifiques. Ils en retirent la capacité de réagir rapidement aux problèmes. Mais il en résulte que leurs activités tendent à se concentrer sur le court terme. La focalisation croissante sur le renforcement des compétences exigera une expansion des sources d’appui pour les activités de développement. Les organisations de la société civile pourraient donc constituer une plate-forme importante pour l’entrepreneuriat social, qui sera un complément du secteur privé.

Ces entités peuvent favoriser l’innovation de différentes façons. Premièrement, elles peuvent contribuer à apporter la justice sociale aux applications de la science et de la technologie dans le développement, et remédier à certaines des iniquités qui accompagnent l’emploi des nouvelles technologies. Deuxièmement, elles peuvent être un moyen important d’apporter de l’engagement civique à l’innovation technologique. C’est là un aspect important de la prise de décision et de la pratique démocratiques. Enfin, elles peuvent aider à la définition de stratégies guidées par la demande et visant le développement technologique.

2.4 Les échanges commerciaux internationaux pour impulser l’innovation

Le processus de l’innovation technologique est inextricable de la trame du système économique mondial. Le déplacement des activités en grande partie circonscrites au plan intérieur jusqu’au plan complexe des relations internationales, nécessite que soient réexaminées les politiques qui intègrent les sciences, la technologie et l’innovation aux stratégies de développement.

La part des pays en développement dans la production de nouvelles technologies et d’innovations est presque négligeable. L’Afrique, en particulier, traîne loin derrière le reste du monde en développement. La communauté mondiale est confrontée au défi de la création des conditions qui permettraient aux pays en développement de pleinement utiliser le stock global de connaissances afin de traiter les défis du développement.

Concernant la technique, une grande partie du débat international s’est surtout intéressé aux nouvelles technologies en laissant de côté le contexte global dans lequel s’appliquent ces inventions. La mondialisation des technologies a pris trois formes : l’exploitation internationale des technologies produites au plan national, la production mondiale des innovations, et les collaborations technologiques mondiales.

La première forme, l’exploitation internationale, est celle où les innovateurs tentent d’obtenir des gains économiques en exploitant leurs actifs technologiques sur les marchés étrangers. Les entreprises multinationales, qui sont les principaux fournisseurs dans cette catégorie, conservent le plus souvent leur identité nationale tout en diffusant leurs technologies auprès d’autres pays. Elles exploitent leurs actifs en vendant sous licence et brevet des produits innovants et des connaissances technologiques et en établissant, par des investissements directs étrangers (IDE), des unités de production locale.

La deuxième forme, la production mondiale des innovations, se réfère à la production de technologies par des individualités (ce sont en grande partie des entreprises multinationales) à l’échelle mondiale.

La troisième, celle des collaborations technologiques mondiales, a pris de l’importance depuis quelques années. Les collaborations technologiques résultent de co-entreprises établies par deux sociétés ou d’accords formels pour élaborer des produits et connaissances techniques dont les partenaires gardent leurs droits de propriété respectifs. De nombreux partenariats se concluent entre des firmes implantées dans des pays différents, ce qui contribue à la mondialisation technologique.

Les règles globales pour les IDE ont changé, de même que leurs modalités d’utilisation les plus utiles. Les systèmes mondiaux de production ont modifié les modes de circulation de l’investissement et les modes de mise à disposition des financements pour la croissance à long terme dans certaines parties du monde, au lieu de favoriser leur fuite rapide vers des destinations nouvelles et meilleur marché. Il est nécessaire d’utiliser les IDE comme véhicules porteurs de connaissances tacites et pour aider les entreprises aux frontières de l’apprentissage mondial des technologies.

Si les conditions convenables sont réunies, les compagnies étrangères peuvent contribuer au développement industriel local en fournissant des capitaux, des marchés, des savoir-faire technologiques et de gestion. Elles peuvent également augmenter le contenu local de leurs produits en sous-traitant avec les PME locales.

Pour enrichir leurs contenus technologiques, les entreprises locales dans les pays africains ont été obligées de s’insérer d’abord dans la chaîne puis de la remonter progressivement en engageant des activités comportant plus de valeur ajoutée. Une analyse des enchaînements de valeur ajoutée donne des éclairages sur la manière dont ces liaisons facilitent ou entravent la modernisation technologique et industrielle. Il est indispensable que les décideurs en Afrique comprennent la structure et la fonction de l’enchaînement mondial des valeurs ajoutées et leur mode probable de modification sur la durée.

2.5 Embarquer dans l’économie mondiale de la connaissance

Les fondements technologiques dont l’Afrique a besoin pour impulser son développement relèvent en grande partie de concepts qui sont dans le domaine public (dont les droits de propriété ont expiré). Dans ce contexte, les services de la propriété intellectuelle sont considérés comme d’importantes sources des informations requises pour poser les bases de l’innovation technologique. S’il est vrai que la protection de la propriété intellectuelle peut faire obstacle à l’innovation, les défis de l’Afrique se situent davantage au niveau de la nécessité de bâtir les capacités humaines requises pour utiliser les technologies existantes, et moins au niveau des réglementations restrictives de la propriété intellectuelle. Toutefois, cette argumentation peut ne pas tenir pour les domaines les plus récents, tels la génomique et les nanotechnologies.

L’une des préoccupations évoquées concernant l’investissement en formation technique dans les pays africains se rapporte à l’émigration de travailleurs qualifiés vers les pays industrialisés. Les estimations de la Banque mondiale indiquent que même si les travailleurs qualifiés ne représentent que 4 % de la population active de l’Afrique subsaharienne, ils constituent quelque 40 % de ses migrants. Les études de cette nature tendent à mettre l’accent sur les politiques qui freineraient cette prétendue « fuite des cerveaux ». Mais elles passent à côté de la question. Le véritable défi pour les pays africains est de trouver ce qu’il faut faire pour utiliser l’expertise des émigrants et accroître leurs savoir-faire, et non d’engager des efforts inutiles pour faire barrage aux migrations internationales. L’illustration la plus remarquable de ce point de vue est donnée par la diaspora taïwanaise, qui a joué un rôle capital dans le développement de l’industrie électronique du pays. Il y eut là un partenariat authentique combinant la mobilité des qualifications et celle des capitaux, que des pays comme l’Inde sont en train d’imiter.

Un certain nombre de pays ont pris des mesures visant à inciter les expatriés à participer au développement économique de leurs pays d’origine. Ces politiques comptent sur les forces générées par la mondialisation, telles la connectivité, la mobilité et l’interdépendance, en considérant la diaspora comme une source d’apports pour les programmes technologiques et d’entreprise nationaux. Parmi les mesures prises figurent les conférences de promotion des investissements, l’établissement de listes d’experts et les appels directs par les personnalités nationales.

Dans divers pays, des expériences intéressantes sont conduites pour tirer efficacement parti de la diaspora. Le gouvernement suisse a, par exemple, converti une partie de son consulat à Cambridge (Massachusetts, USA) en un point focal d’interactions entre les experts suisses aux Etats-Unis et leurs homologues au pays. La Maison de la Suisse y a été créée en considération de l’importance de la région, qui abrite le premier centre de connaissances du monde, en particulier pour les sciences humaines. Outre l’université Harvard et l’Institut de Technologie du Massachusetts (MIT), la région de Boston accueille plus d’une cinquantaine d’autres facultés et établissements d’enseignement supérieur ainsi que toute une grappe d’unités de biotechnologies.

Autre exemple d’innovation : l’université nationale de Singapour a établi, au sein de l’université de Pennsylvanie, une faculté qui se consacre aux biotechnologies et à l’entrepreneuriat. Le « Réseau complémentaire des innovateurs Singapour-Pennsylvanie » (SPIN) fait office de moyen de liaison pour les entrepreneurs, les investisseurs et leurs conseillers de la grande région de Pennsylvanie et de Singapour. L’organisation a pour but de créer des opportunités de collaboration et de partenariat international dans la région.

L’Inde a commencé à instaurer un certain nombre de mesures de politique générale –notamment l’octroi de la double nationalité aux Indiens établis dans les pays qui présentent un intérêt stratégique –mesure qui vise à renforcer le rôle de la diaspora dans le développement national. De telles approches peuvent être adoptées par d’autres pays en développement, où la nécessité de forger des partenariats technologiques internationaux est peut-être encore plus grande. Il faudrait substituer à l’image démodée de la « fuite des cerveaux » celle du « flux mondial du savoir ».

4. GOUVERNER POUR LA CROISSANCE

L’État a un rôle important à jouer en tant que facilitateur de l’apprentissage technologique. Cependant, la plupart des gouvernements ne remplissent ce rôle que de manière implicite. Pour faciliter la transformation technologique, les gouvernements devront agir en promoteurs actifs de l’apprentissage technologique. L’action publique est un rouage essentiel de l’appropriation et du contrôle au plan national de l’agenda (programme) de développement. L’accent mis sur le rôle dirigeant de l’entreprise va modifier celui de l’État qui tendra à devenir moins un fournisseur de services qu’un régulateur et un promoteur du développement de l’activité économique privée. Les pays africains doivent devenir des États champions de l’entrepreneuriat, qui ont pour mission principale de promouvoir le bien-être humain en valorisant le secteur privé, en particulier dans ses petites et moyennes entreprises. Cette optique ne dénie pas au secteur public son rôle dans le développement, mais argumente que la principale mission d’un tel État est de créer un environnement viable pour les gens et de leur offrir les appuis nécessaires qui les habiliteront à satisfaire eux-mêmes leurs propres besoins en trouvant des solutions créatives aux problèmes locaux.

4.1 Améliorer les structures de gouvernance

La promotion de programmes axés sur la croissance impliquera des ajustements de la structuration et des missions de l’administration publique. Plus fondamentalement, les questions relatives aux sciences, aux technologies et à l’innovation doivent être abordées par une approche intégrée aux échelons les plus élevés possibles du gouvernement. Pour placer la science et la technologie au cœur de la renaissance économique de l’Afrique, l’engagement ou la volonté politique seuls ne suffiront pas, il faudra que les responsables conduisent le mouvement. Pour relever ce défi, ce concept aura besoin de défenseurs déterminés qui, dans ce cas, seront les chefs d’État qui s’attelleront à la tâche de construire leurs politiques économiques autour des sciences, des technologies et de l’innovation.

Jusqu’ici, la plupart des pays africains n’ont pas défini de politiques nationales qui donnent le sentiment d’une vision claire et nette aidant à intégrer les technologies émergentes dans le processus de solution des problèmes de développement. Ces politiques nationales comptent encore sur des stratégies génériques traitant de la « réduction de la pauvreté », sans prendre en compte sérieusement les origines de la croissance économique. Il y a toutefois des signes d’espoir. Le Forum ministériel sur les sciences et la technologie du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) a joué un rôle essentiel en renforçant la prise de conscience des dirigeants africains quant à la place des sciences et de la technologie dans la croissance économique.

Cet effort est illustré par la décision de l’Union africaine (UA) et du NEPAD d’établir un groupe de haut niveau de spécialistes africains des biotechnologies (APB) qui conseillera l’UA, ses États membres et ses divers organes sur les problèmes d’actualité relatifs à leur développement et à leur emploi. Le comité a pour mission de fournir à l’UA et au NEPAD un service indépendant de conseils stratégiques sur les biotechnologies et leurs implications pour l’agriculture, la santé et l’environnement. Il suit de près la régulation intra-régionale et internationale du développement et des applications des modifications génétiques et de leurs produits.

L’intérêt principal de faire assurer la conduite du processus par le niveau exécutif est fonction du niveau d’information des dirigeants politiques sur le rôle des sciences et des technologies dans le développement. Le conseil en matière de sciences, de technologies et d’innovation doit être pris en compte de manière systématique dans l’élaboration des politiques publiques. Pour que cette prise en compte se fasse, il faut créer un cadre institutionnel approprié. En effet, de nombreuses équipes gouvernementales africaines sont restées structurées sur le modèle colonial, davantage en vue de faciliter le contrôle des populations locales que de promouvoir les transformations économiques.

La structuration du conseil aux services publics varie selon les pays. Dans de nombreux pays, les conseillers scientifiques font rapport au chef de l’État ou au premier ministre, et des sociétés ou institutions scientifiques et d’ingénierie ont une fonction de conseil auprès des dirigeants politiques. Quelle que soit la forme d’organisation choisie, la mission de conseiller les échelons les plus élevés du gouvernement doit être au moins légalement instituée, par la loi ou quelque autorité établie. Les conseillers doivent pouvoir accéder aux informations scientifiques et techniques crédibles et de bonne qualité émanant des services publics, des établissements nationaux et de réseaux internationaux. Le processus de l’activité de conseil doit être soumis à l’évaluation critique du public, et doit permettre de jauger l’opinion publique concernant les sciences, les technologies et l’innovation.

La mise en application réussie de politiques relatives aux sciences, aux technologies et à l’innovation requiert des agents publics qui ont des capacités d’analyse des politiques publiques – capacités qui manquent chez la plupart des agents publics aujourd’hui. Il est possible d’aider à l’intégration des conseils dans la prise de décision en matière de sciences, technologies et innovation en assurant aux agents publics des formations en gestion des technologies, en politique scientifique, et en techniques de prévision. La formation des diplomates et des négociateurs dans les domaines scientifiques et technologiques peut aussi les rendre mieux aptes à discuter de ces questions lors des conférences internationales.

L’examen de la gouvernance en Afrique serait incomplet s’il laissait de côté le problème de la corruption qui sévit sur le continent. Améliorer les capacités humaines sans une bonne administration publique n’apportera rien à la croissance économique. La lutte contre la corruption est devenue une norme importante qui permet d’apprécier la gestion des responsables d’État dans le monde en développement. Mais la victoire s’échappera toujours si les efforts faits en ce sens ne sont pas accompagnés de réformes institutionnelles profondes qui assurent la concordance des attentes du public avec la composition de l’organe législatif et avec l’exercice de l’autorité par le chef de l’exécutif.

Les parlementaires élus sur des programmes politiques qui prônent le respect des normes éthiques seront en position plus forte pour entreprendre de réguler la corruption, contrôler convenablement les nominations aux postes publics et mettre des gardes-fous contre les excès de l’exécutif. En effet, le peuple ne peut exiger que les présidents se conforment à des normes éthiques plus strictes que celles auxquelles il est lui-même disposé à se soumettre.

Une telle plate-forme qui remporterait les élections donnerait au gouvernement l’occasion d’harmoniser l’exigence populaire d’une meilleure gouvernance avec la composition de la législature ainsi qu’avec celle de la branche exécutive. Car les pouvoirs de l’exécutif seuls ne suffisent pas pour déraciner des pratiques de corruption profondément ancrées. La collectivité doit directement participer à cette lutte, pas seulement en appelant au changement, mais en commençant à changer ses propres comportements et en traduisant ce changement dans ses décisions électorales.

L’affirmation précédente ne signifie nullement que les chefs d’exécutif ne peuvent user de leur autorité sans avoir bénéficié d’un nouveau mandat. Tout au contraire, les actions consistant à aller vers le peuple et à demander le soutien populaire pour lutter contre la corruption devraient faire partie des efforts tendant à réinventer la gestion des affaires publiques. Ce faisant, leur autorité morale dépend largement de la perception qu’en a la collectivité, et non de la véracité ou de la fausseté des allégations de corruption. En outre, les dirigeants, souvent, sont jugés par ce qui reste à faire, et non pas par ce qu’ils ont déjà réalisé.

Généralement parlant, les pays africains doivent prendre des mesures délibérées pour corriger leur image, et les élites dirigeantes doivent manifester la forte volonté de réinventer les institutions publiques et d’investir dans la formation de l’encadrement dirigeant. De nombreux dirigeants passent plus de temps à se lamenter sur la mauvaise presse qui leur est faite au plan international qu’à mettre à profit les atouts de leurs pays pour projeter leurs propres perspectives des choses vers le reste du monde. La première étape de ce processus est l’adhésion aux normes internationales en ce qui concerne la corruption et la bonne gouvernance.

4.2 Identifier les missions stratégiques

Il existe dans les pays africains de nombreuses possibilités en matière de missions et de programmes stratégiques à identifier et à exécuter, qui peuvent favoriser la croissance par le truchement d’investissements dans les infrastructures, la formation technique, la gestation d’entreprises et le commerce international. Par exemple, les maires de villes peuvent travailler avec l’administration centrale, les établissements d’enseignement, l’industrie et la société civile pour établir des programmes visant à améliorer les conditions de vie de leurs résidents. Les universités situées dans ces villes pourraient jouer un grand rôle comme centres d’expertises, incubatrices d’entreprises et moyens d’agir en appui opérationnel aux activités des secteurs privé et public. Des missions similaires pourraient être établies dans les zones rurales. Ces missions deviendraient le cadre d’organisation qui favoriserait les interactions institutionnelles qui concernent l’apprentissage technologique et promeuvent les économies d’échelle. Dans ce contexte, il faudrait donner la priorité aux missions et programmes portant sur l’intégration et les interactions régionales, en particulier là où ils ont recours aux compétences locales.

Cette approche peut aider la communauté internationale à cerner quelques éléments décisifs, ce qui est une nécessité lorsqu’on est confronté à un ensemble aussi varié de problèmes que la préservation des forêts, la fourniture d’eau propre et potable, l’amélioration de la situation des habitants des bidonvilles. Dans tous ces cas, la première étape majeure consiste à intégrer les considérations environnementales dans les activités de développement.

Conclusion

Pour ouvrir un nouveau chemin de développement, il est indispensable de conjuguer réflexion et créativité et d’accepter de prendre des risques. L’approche prudente inhérente aux projets internationaux de développement résulte en grande part des rigidités que comportent les systèmes existants de mise en oeuvre de la responsabilité pour les actes posés. Tout processus d’apprentissage –et le développement socio-économique en fait partie—implique une grande part d’expérimentation et de prise de risques. Ce qui est capital, c’est donc, non de se contenter d’évaluer l’impact final de projets particuliers, mais de créer des environnements qui promeuvent la confiance par le retour d’informations continu et continuel. En d’autres termes, la coopération pour le développement doit être véritablement ouverte, une coopération effective guidée par l’apprentissage collectif. Il serait nécessaire, au lieu des jugements conventionnels évoquant « l’échec » ou « la réussite » d’un projet, d’insister beaucoup plus sur les enseignements tirés des projets. Comme le disait Einstein, « Ceux qui n’ont jamais fait d’erreur n’ont jamais, non plus, tenté quelque chose de nouveau ».

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CALESTOUS JUMA

Calestous Juma (Kenya) est titulaire de la chaire de Pratique du développement internaonal et directeur du Projet pour les sciences, les technologies et la mondialisation à la Kennedy School of Administration de l’université Harvard. Le professeur Juma mène des travaux consacrés principalement à la recherche en matière de politiques des applications scientifiques et technologiques dans le développement durable. Ses travaux sur les implications des biotechnologies pour le développement durable en Afrique ont fait l’objet de nombreuses citations, et ses réalisations lui ont valu d’être élu membre de plusieurs sociétés scientifiques. Il est membre étranger de l’Académie nationale des sciences des Etats-Unis, membre de l’Académie des sciences pour le monde en développement (TWAS), de l’Académie mondiale des arts et des sciences, et de l’Académie new-yorkaise des sciences.

Le professeur Juma a coordonné les travaux du Groupe de travail sur les sciences, les technologies et l’innovation relevant du projet du Millénaire commandé par le Secrétaire Général des Nations unies, Monsieur Kofi Annan, et il a co-présidé le Comité d’experts africains sur les biotechnologies de l’Union africaine et du Nouveau partenariat pour le développement en Afrique (NEPAD). Il préside le Comité chargé des défis et des perspectives des biotechnologies agricoles au plan mondial, relevant de l’Académie nationale des sciences des Etats-Unis, où il a participé comme membre à plusieurs commissions travaillant sur l’agriculture et les ressources naturelles, les sciences de l’information géographique, les ressources génétiques et le conseil scientifique. Le professeur a été secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies sur la biodiversité, directeur exécutif fondateur du Centre africain des études technologiques à Nairobi, et président de l’université de la Guyana. Plusieurs distinctions internationales lui ont été décernées, notamment celle des lauréats Pew pour la sauvegarde et l’environnement (1991), le prix des 500 lauréats du monde (Global 500) des Nations unies (1993) et la médaille Henry Shaw (2001). Membre d’un grand nombre de conseils d’administration d’agences internationales, il conseille plusieurs chefs d’État et de gouvernement en matière de sciences, de technologies et d’innovation.

Le professeur Juma détient un doctorat en politiques scientifiques et technologiques de l’Unité de recherche sur la politique scientifique, unité de l’université du Sussex, au Royaume-Uni. Il a exercé en tant que professeur associé à l’Institut des études avancées de l’université onusienne à Tokyo, ainsi qu’à l’université de Strathclyde en Écosse. Dans le domaine de la recherche, il s’intéresse notamment à : la co-évolution des technologies et des institutions sociales, l’étude des politiques scientifiques et technologiques, les biotechnologies et la biodiversité. Parmi ses travaux majeurs, on peut citer : Long-Run Economics (Pinter, 1987); The Gene Hunters (Princeton University Press, 1989); Innovation: Applying Knowledge in Development (Earthscan, 2005) et Going for Growth: Science, Technology and Innovation in Africa (Smith Institute, 2005). Il est l’un des fondateurs de l’International Journal of Technology and Globalisation et rédacteur de l’International Journal of Biotechnology.

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